La pompe à chaleur : une solution d’avenir pour les copropriétés ?
La pompe à chaleur équipe de plus en plus de maisons individuelles, mais est encore rare en copropriété. Pourtant, son installation permet de décarboner la production de chauffage et de limiter les émissions à effet de serre. Reanova a d’ailleurs été récompensée le 24 mars 2021 pour un projet de rénovation intégrant une pompe à chaleur.
Opter pour un système de production d’eau chaude et de chauffage écologique dans sa copropriété, et si c’était possible grâce à la pompe à chaleur ? Cet équipement de chauffage thermodynamique à énergie renouvelable séduit de plus en plus de propriétaires de maison individuelle et il fait également ses premiers pas en copropriété. Son principe ? Capter la chaleur présente naturellement dans l’air, l’eau ou le sol, et l’amener à une température supérieure pour chauffer des logements.
Comment fonctionne une pompe à chaleur ?
Il existe différents types de pompes à chaleur, notamment les pompes à chaleur air-eau et les pompes à chaleur eau-eau (géothermie). Elles peuvent servir à produire le chauffage, l’eau chaude sanitaire ou bien combiner les deux. « Grâce à un système d’échangeur, une pompe à chaleur air-eau capte les calories présentes dans l’air extérieur pour préchauffer en partie ou en totalité l’eau chaude sanitaire. La pompe à chaleur utilise des gaz spécifiques pour prélever ces calories et ces derniers fonctionnent sur d’autres plages de températures, ainsi la captation est possible même quand les températures extérieures sont basses. Grâce à un système de compresseur et d’échangeur, les calories sont restituées dans le réseau qui va chauffer les ballons d’eau chaude, explique Édouard de Rugy, dirigeant de Reanova. Plus la température extérieure est élevée et meilleurs sont les rendements, mais même avec des températures basses, les rendements ne sont pas négligeables. Par exemple, lorsque la température extérieure est légèrement négative, pour un kilowattheure d’énergie électrique consommée, vous restituez l’équivalent de deux kilowattheures pour chauffer l’eau. »
Une économie de 7 000 euros par an sur la production d’eau chaude
Reanova a finalisé en février 2020 l’installation d’une pompe à chaleur air-eau dans une copropriété du XIXe arrondissement de Paris, en partenariat avec le bureau d’études thermiques et fluides POUGET Consultants. Un projet de rénovation primé par le Grand Prix du Jury des Trophées métropolitains CoachCopro, le 24 mars. Ce concours, organisé par l’Agence parisienne du Climat, récompense les copropriétés de Paris et de la Métropole du Grand Paris ayant réalisé des travaux remarquables en matière de rénovation énergétique. « La résidence qui a été primée avait auparavant une production d’eau chaude sanitaire collective réalisée par six ballons d’eau chaude électriques à accumulation. Ce n’était pas du tout performant d’un point de vue énergétique et le conseil syndical cherchait à développer une solution qui utilisait des énergies renouvelables. Cela a permis de faire un gain énergétique très important sur ce poste d’eau chaude sanitaire qui était considérable dans cette résidence », détaille Édouard de Rugy. Ainsi, sur ce projet, l’installation de la pompe à chaleur a coûté 80 000 euros à la copropriété pour un gain énergétique de 72% sur la production d’eau chaude. L’intégralité du projet de rénovation a permis à la copropriété d’atteindre un gain énergétique de 60%. La copropriété économise désormais environ 7000 euros par an sur cette production, cela permettra d’amortir cet investissement sur douze ans. La copropriété a également amélioré son étiquette énergétique, passant de la classe E à la classe C, ainsi que sa production de gaz à effet de serre : elle atteint désormais la classe A, le plus faible niveau d’émission.
Une bonne idée pour produire l’eau chaude de votre copropriété ?
Si elle présente de nombreux avantages, la pompe à chaleur est un équipement relativement nouveau en copropriété. « Il y a plusieurs raisons à cela. Avec ces pompes à chaleur, nous travaillons sur des régimes basse température, cela implique certaines conditions. Il faut notamment que les immeubles soient très bien isolés et que les émetteurs de chauffage le permettent. Le deuxième point, c’est la taille de la copropriétés. Sur des copropriétés de petite taille, jusqu’à 30 à 40 appartements, ce qui représente une grande partie du parc, nous pouvons travailler avec plusieurs pompes à chaleur de type maison individuelle qui sont mises en cascade. Mais, pour des résidences de plusieurs centaines d’appartements, il faut envisager des systèmes eau-eau, plus complexes, utilisant la géothermie. », indique Édouard de Rugy.
Par ailleurs, les systèmes de pompe à chaleur air-eau, nécessitent d’installer des modules extérieurs. « Cela nécessite d’avoir de l’espace et de gérer les contraintes d’acoustique et d’esthétique. Il faut les intégrer sans créer de nuisances. Dans le cas de la copropriété du XIXe arrondissement, nous avons installé la pompe à chaleur dans le parking souterrain sous un puit de ventilation. Nous limitions donc les nuisances sonores et sommes présents dans un espace tempéré qui est à proximité de la chaufferie. La disposition des éléments a permis une bonne intégration dans cette situation », détaille Édouard de Rugy.
Une innovation pour chauffer votre copropriété ?
Si la pompe à chaleur est intéressante dans le cadre d’une production collective d’eau chaude, elle peut l’également l’être pour une production collective de chauffage. C’est ce que projette de développer Reanova dans une copropriété à Nanterre. « Nous avons étudié la possibilité de mettre en place une pompe à chaleur pour le chauffage uniquement, car la production d’eau chaude est individuelle. Cela fonctionne bien pour le chauffage, mais cela implique que les bâtiments soient très bien isolés pour pouvoir réduire les températures d’eau qui circulent dans les radiateurs ou dans les planchers chauffants. Côté budget, pour une chaufferie collective au gaz, on serait à 120 000 euros, alors qu’une chaufferie avec pompes à chaleur avoisine 160 000 euros. Mais il existe des subventions : le Coup de Pouce CEE Rénovation globale offre un bonus substantiel si le système de chauffage et de production d’eau chaude utilise plus de 50% d’énergie renouvelable. Dans ce cas-là, on arrive ainsi à gommer une partie du surcoût de l’équipement », explique Édouard de Rugy.
Est-ce la solution d’avenir pour des copropriétés respectueuses de l’environnement ?
La rénovation globale des bâtiments est un défi crucial pour l’environnement. Chaque copropriété est différente, et l’ensemble des facteurs doivent être considérés pour concilier l’intérêt individuel, l’acceptabilité collective et le bien commun. Cela passe certes par des solutions de chauffage performantes et innovantes, mais aussi, et surtout, par l’analyse et l’optimisation de l’ensemble des constituantes du bâtiment, sans oublier la capacité de financement. C’est une étude au cas par cas que Reanova réalise avec succès depuis douze ans.